CHINE, Du Muztag Ata à Tashkorgan (du 26/04 au 3/05)

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Une police chinoise un peu sur le vif !!!

Du Muztag Ata à Tashkorgan (du 26/04 au 3/05)

 



Pour poursuivre notre route vers le Pakistan, 2 options s'offrent à nous :

La première : la route. Une belle et grande ligne droite toute tracée vers Tashkorgan, un peu avant la frontière.

La seconde : les petits sentiers de montagne en faisant le tour du Muztag Ata. Option séduisante mais assez peu réaliste vu que :

1/ Nous n’avons pour seule carte qu’un bout de papier sur lequel nous avons retracé quelques villages selon les informations peu convaincantes d’Abdul ;

2/ Le col passe à 5200 mètres d’altitude sur un glacier et nous ne sommes pas certaines d’avoir l’équipement nécessaire pour le franchir ;

3/ Nous n’avons pas le permis pour cette partie du massif du Pamir qui s’obtient à … Kashgar ;

4/ Les villages au long du sentier sont inhabités à cette époque de l’année à cause de l’altitude moyenne très élevée ;

5/ Nous devons repasser par les villages qui nous ont été formellement interdits pour rejoindre ces sentiers, au risque de se faire “prendre” à nouveau et là, ça risque de ne plus plaisanter…

 

La route est donc le meilleur choix pour nous, c’est évident !!!

Nous nous enfoncons donc dans le massif du Pamir vers le désert en direction du Pakistan. La frontière doit ouvrir le 1er mai d’après nos informations, ce qui nous laisse largement le temps de rejoindre Tashkorgan et de profiter de chaque instant.
La première occasion se présente à nous dès les huit premiers kilomètres de marche, lorsqu’à Subash Taban, Mairan nous invite à boire le thé et à prendre le repas en famille. Mairan a 37 ans, l’âge de Maud… (il faut bien qu’elle assume…). C’est si troublant de se retrouver l’une en face de l’autre, deux femmes de la même génération et vivant des vies si différentes.

 


 



La route est longue et monotone et nos sacs se font de nouveau sentir. L’altitude varie entre 3200 et 4200 mètres et les températures oscillent entre 25 degrés en journée et en dessous de 0 la nuit. Au fur et à mesure que nous avançons dans ce désert, nous regrettons de ne pas avoir pris suffisamment d’eau avec nous pour un éventuel bivouac de fortune. Aucun village à l’horizon et un paysage de plus en plus aride… C’est vers 18 heures, que nous apercevons au loin de la fumée… Ouf ! sauvées … un signe de vie !!! Ce village Tadjique est totalement isolé, et, bien que sur une route touristique – la “Karakorum Highway” il est peu probable que les touristes s’y arrêtent. D’abord, parce que, même à pied et à l’affût, nous avons bien failli passer à côté sans le voir…

 

 

Nous y retrouvons immédiatement le même accueil chaleureux qu’en Kirghizie. La vie rude des montagnes et quelques coutumes comme le chai rapprochent les deux peuples pourtant si différents. Leurs visages sont plus doux et leurs yeux très clairs ; les femmes sont très coquettes, toujours coiffées, maquillées et parées de leurs plus beaux bijoux. Ils se montrent très curieux avec nous et nous passons un excellent moment d’échange en leur compagnie au rythme des musiques et danses Tadjiques.

 

 



La deuxième journée de marche nous mène à Keykeyer, un village Kirghize où nous pensons passer la nuit chez l’habitant. En faisant des courses élémentaires pour le pique-nique du lendemain, nous rencontrons deux uniformes verts. Nous commençons à nous en méfier, et nous avons bien raison… Ils nous demandent nos passeports !!! Evidement, nous ne les avons pas emmenés avec nous pour acheter du chocolat… Sans compter que 2 kilomètres auparavant nous avions passé un poste frontière.

 

Les deux hommes nous demandent de les suivre au poste du village qui semble totalement désert, et ouvrent une porte fermée à clé qui donne sur une pièce qui ne ressemble en rien à un lieu officiel : un lit, une petite table et un poêle central.

L’un d'eux récupère un bout de papier pour y inscrire nos numéros de passeport en nous indiquant qu’il est formellement interdit de dormir chez l’habitant, de planter la tente et même de marcher sur la route… Nous ne sommes même plus suprises mais réellement énervées…

L’autre officier nous propose une alternative qu’il a probablement jugée intéressante pour deux femmes seules qui voyagent depuis deux mois : “Toi, dans ce lit avec moi et elle dans celui d’à côté avec lui…”. Nous croyons réver !!!

Barbara hurle au scandale : “NO LEGAL, CORRUPTION” en prétextant être mariée et en montrant ostensiblement les bagues décoratives achetées à Kashgar. Maud, dépitée, reste calme et explique au plus sage des deux : “Nous, ce soir, c’est chez l’habitant et demain matin nous aurons quitté la ville à 9 heures !”. Devant deux femmes si déterminées, nos hommes se sentent pris au piège … et nous laissent partir.

Toute la soirée, nous l’avons passée à scruter les aller et venues par la fenêtre, en se disant qu’ils seraient bien capables de revenir plus nombreux.

 

 

Nirbubu nous a préparé d’excellentes nouilles fraîches, mais nous devons bien avouer que nous aurions nettement préféré deux paires de couilles en persillade sur un plateau d’argent, bien que, à coup sûr, nous n’aurions pas eu grand-chose à nous mettre sous la dent…

 

 

Comment de tels agissements peuvent-ils être possibles ? Cette question nous a donné un thème pour toute la journée de marche suivante en direction de Shabendi, à 10 kilomètres de Tashkorgan.

Pour ne pas se faire avoir encore une fois, nous nous arrêtons dans un petit hameau loin de la route avant notre village. C’est une oasis de verdure au milieu du désert et après avoir passé la rivière à gué – eau jusqu’à mi-cuisses nous nous sentons complètement protégées et à l’abri de tout individu à casquette verte…

 

 



Nous partageons des moments de vie sympatiques avec les femmes Tadjiques : l’incontournable chai, le lavage à la rivière et en bonus, le coiffage avec les tresses nouées selon leur coutume. Nous nous amusons bien jusqu’à ce qu’un des habitants nous dénonce à la police locale. A priori, la délation est quelque chose de bien vu ici…

Et c’est rebelotte ! 5 nouveaux policiers débarquent : “Welcome to China, welcome to Pamir but … you can’t stay here…”.

Le policier, très pro et courtois, parle très bien anglais. Il connaît bien notre situation pour avoir été guide avant d’entrer dans l’armée. Il nous explique que c’est une nouvelle loi qui touche toutes les zones sensibles et que nous sommes très proches de toutes les frontières ; à 60 kilomètres de l’Afghanistan et quelques kilomètres seulement du Tadjikistan.

 

 

Les 10 derniers kilomètres de notre traversée seront donc faits en 4x4 jusqu’à l’hôtel de Tashtorgan où tous les touristes doivent obligatoirement avoir leur place. Vive la liberté !

La seule chose positive, c’est que c’est notre homme qui va discuter de l’ouverture de la frontière avec le Pakistan demain et qu’il nous confirme que ce sera bon pour le 1er mai. Décidément, nous serons plus libres au Pakistan…

 

 

 

Publié dans Carnet de voyage

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