SAMIYA, Pakistan, Islamabad (juin 2008)

Publié le

PAKISTAN, Islamabad le 04/06/2008

Progressive Women’s Association (PWA)

Samiya Bokhari

 

“Burn his wife is the easiest way to get rid off her!”.

 

“Brûler sa femme est la manière la plus simple de se débarasser d'elle !”

 

 


La fondation Progressive Women’s Association, créee par Shahnaz Bokhari, existe depuis plus de 20 ans. Ce qu’elle dévoile est unique au Pakistan… Elle met le point sur un fait majeur et très sensible dans le pays : les violences domestiques faites sur les femmes.

 

Femme éduquée et plus aisée que la majorité de la population, Shahnaz a décidé de se prendre en main très tôt. Elle fonde l’association en 1986, dans l’objectif d'aider les femmes à être plus autonomes.

Mais c’est en 1994, lorsqu'elle a eu connaissance des horreurs qu’avait subies une jeune femme, brûlée par son mari de manière atroce, que la fondation a pris tout son sens. Depuis, WPA offre des soins médicaux, une assistance psychologique et juridique et propose un abri pour les femmes maltraitées, aujourd’hui fermé. En parallèle ce sont des années de pression pour que soient reconnus ces crimes “d’honneur”.

 

Son courage, sa volonté et son travail ont été reconnus dans le monde entier, elle accumule les prix et récompenses, en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis en particulier.

Actuellement aux Etats-Unis, nous avons eu le plaisir de rencontrer sa fille à Islamabad. Samiya Bokhari est un sacré bout de femme, dynamique et directe, elle est déjà clairement sur les traces de sa maman.

 

Dans la maison familiale qui sert aussi de bureau et accessoirement d'hébergement d'urgence, Samiya rentre immédiatement dans le vif du sujet. Elle nous explique que la culture “NGO” est très récente dans le pays, car remettre partiellement en cause la vie que l’on subit n’est pas commun ici, surtout lorsqu’on est une femme !

 

Pourtant quand l’ONG a créé un “shelter” (abri) pour les femmes et enfants violentés, la vérité était là, devant la porte. De nombreuses femmes, brûlées, sans espoir et laissées à l’abandon, sont venues se refugier à Rawalpindi où se trouvait l’unique abri du pays.

Grâce à l’aide de docteurs et avocats, locaux et étrangers, certaines femmes ont pu être opérées et PWA a pu témoigner en leur nom pour qu'elle retrouvent un peu de dignité.

Faute de moyens et de soutien, le shelter est fermé depuis plus d'un an. Le gouvernement a pris la relève, mais dans ce nouvel abri, les femmes ne veulent pas y aller… ”Inside, you can’t see anyone or go outside, and nobody cares about you, it’s like a jail”. De plus, le suivi et les poursuites ne sont pas assurés, et à ce jour il n'y a aucun recensement quant au nombre de victimes.

 

Cela fait seulement 2 ans que le gouvernement a reconnu l’existence de violences domestiques dans le pays, “ It’s the only reward we had, after 20 years of fighting” soupire-t'elle. “ If you don’t want to see the problem, how can you resolve it ?”. Des maris qui brûlent leur femmes vivent, ceci “est une honte que le gouvernement veut dissimuler”… La vie conjuguale est de l'ordre des affaires privées et chacun peut régler ses problèmes a sa manière. Elle nous confie également qu’au Pakistan, le viol “n’existe pas” : il n’est pas reconnu. Et si une femme a le courage d’aller dénoncer sa détresse, elle est mise derrière les barreaux pour avoir commis un adultère !

 

Choquées par ces déclarations et par les histoires qu’elle nous raconte, argumentées d’images plus insoutenables les unes que les autres, nous nous demandons “Pourquoi tant de barbarie ???”.

“ Because burn his wife is the easiest way to get rid off her!”. Dans les campagnes où les coutumes sont les plus fortes, le feu est encore le moyen le plus simple pour maquiller une agression en accident domestique...

C’est aussi un moyen de faire culpabiliser la femme “fautive”… Crime passionnel, interprétation religieuse, tout est justifiable. Au Punjab par exemple, les coutumes sont au-delà des lois, et pour décider de la punition d'une personne, les anciens se réunissent et font leur jugement... Généralement inhumain : une femme sera violée ou frappée pour avoir été vue en train de discuter avec un homme…

 

Quand nous lui demandons comment elle envisage le futur du Pakistan et le devenir de ces femmes torturées, le ton devient grave et, avec un air désabusé, Samiya nous balance : “You know, the biggest issue is to survive in the country”… Le Pakistan va mal ! Pessimiste ou réaliste elle rajoute : “Since Benazir Bhutto death we don’t have any expectation in security !”.

Samiya elle-même n’arrive pas à accepter la fatalité et les horreurs qui se passent dans son propre pays… ”Look in what kind of culture I belong to…”.

Ce qui est sûr c’est que la population doit faire la différence et tant que des femmes comme Shahnaz, Samiya et d’autres continuent dans cette voie, ça vaut la peine d’espérer…

En se quittant on se dit que pour nous, femmes Européennes, comprendre les gestes de cruauté de ces hommes est inimaginable. Et au-delà de la différence culturelle, le plus révoltant est que, malgré l'éclatante vérité, ceux qui en ont les moyens ne font rien pour changer les choses !

 

Comment les aider ?

 

  1. En soutenant les femmes maltraitées et le travail que mène PWA au Pakistan par vos messages ;
  2. En faisant un don pour permettre la création d’un nouveau “shelter” et pour financer les besoins en soins médicaux et les recours juridiques. Le suivi de vos dons est assuré et un reçu vous sera envoyé.


En faisant “PARLER D’ELLES” tout simplement !!!

 

Contacts

Progressive Women’s Association

Shahnaz Bokhari

24A house, street 38, sector F-8/1

Islamabad, Pakistan

Website : www.pwaisbd.org

Email: pwaisbd@hotmail.com

Publié dans Portraits de femmes

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