CHINE, Lac Karakol (du 20/04 au 22/04)

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Un nid à touristes ???

Le lac Karakol (du 20/04 au 22/04)

 

Notre première vision du lac Karakol nous laisse sans voix… C’est un peu sinistre, la clôture en barbelé délimite la zone du parc du Muztag Ata et de nombreux déchets jonchent le bord de la route. De plus, en moins de 30 secondes, cinq jeunes hommes nous sermonent tous en coeur : “ moto tour OK?”, “camel tour Karakol OK?”, “yourte OK???”… Bienvenue dans le Tourisme Business !!!

 



 

















En recherche d’un minimum d’authenticité, nous pénétrons dans le parc par Subash, village à proximité, pour rencontrer les habitants. Ici, le touriste ne passe pas inaperçu. Nous sommes tout de suite accostées et décidons de séjourner chez une famille firghize. Ils ne parlent ni kirghize, ni ouigour, ni chinois, c’est encore une nouvelle langue à déchiffrer ! Désert oblige, les maisons sont en terre sèche et la pièce commune s’articule autour du poêle central, chauffé à la bouse de yack.

 




Dans ce village touristique, mais paisible, l’aventure chinoise va commencer…

Lors de notre balade de reconnaissance, les habitants se posent beaucoup de questions à notre sujet et nous mettent le doute sur la “validité” de notre présence : “passeport OK?”. Un peu arroguantes et sûres de nous, nous retournons chez nos hôtes pour nous réchauffer autour d’un bon plat. Soudain, 5 policiers accompagnés du traducteur local, Abdul, déboulent dans la pièce et nous somment de partir ; une nouvelle loi interdit aux étrangers de dormir chez l’habitant ! Le propriétaire, sûrement pour éviter des ennuis, semble dire que nous n’étions pas les bienvenues et Abdul surenchérit avec des sourires, pour mieux nous faire avaler la pilule.

“En Kirghizie, il n’y avait aucun probleme, nous ne voyons pas ce qu’il y a de mal”. ”C’est pour votre sécurité, et ici c’est différent, ici vous êtes en Chine.”.

Le sourire nous ne l’avons plus, rien n’est clair dans leur démarche, et nous nous retrouvons coincées avec nos sacs dans le coffre du 4x4, retour à la case depart, Karakol, forcées de planter la tente à 8 heures du soir !

 




Réveil matinal. Françaises dans l’âme, têtues et un peu rebelles, nous profitons du lieu pour faire le tour du lac incognito, en se disant que nous paierons sûrement le permis en route. Le soleil nous offre un spectacle formidable sur le lac encore gelé. Petits pas sur la glace, nous continuons notre marche en espérant découvrir des villages reculés. Les paysages sont extraordinaires. Le dôme du Mustag Ata, à 7546 mètres, semble tout près, le sol lunaire et rocailleux, fait place à un énorme plateau coupé en deux par une rivière. Plus loin, nous grimpons sur les grandes dunes de sable, derrière lesquelles la vue des sommets enneigés semble être un mirage. Bain de contrastes, les chameaux, moutons et yacks, broutent ensemble, nous sommes sur une autre planète !

 

 

A Toguzbulac, nous sommes accueillies chaleureusement par Bartigul et ses parents. Avec ses 10 habitants, la moyenne d’âge de ce village isolé frôle les 60 ans. Assoupies au coin du feu, nous sommes bien… C’est alors que des lueurs de phares illuminent la pièce ; “j’ai vu des képis ! s’exclame Maud”… “C’est une blague, ils sont verts ?” demande Barbara…  Revoilà Abdul et les 5 policiers, tels 6 super héros… “C’est pas vrai !!!”…

 

A ce moment là, les sourires forcés d’Abdul lui donnent plutôt l’air d’une tête à claques ; “Je vous ai expliqué hier”… “Vous ne nous avez pas dit TOUS les villages…”.

 

Les policiers s’empiffrent et rigolent entre eux puis le ton devient sérieux : “Cette fois, vous avez franchi la limite”. La nuit et le froid nous obligent à négocier une chambre dans le célèbre hôtel Karakol, connu pour être … pourri ! Nous leur en voulons à mort, les insultes en Francais fusent, mais nous sommes plus tristes et gênées pour Bartigul, qui a dû donner toutes ses réserves de nourriture pour la police “bienveillante”.

 




Nous repartons une nouvelle fois avec eux, mais heureusement, il y a une justice. A travers les montagnes, la police ne retrouve pas sa route, nous tournons en rond… virage à droite, virage à gauche, et d’un coup, le 4x4 se retrouve coincé dans le lit de la rivière !

 

Véritable comique de situation ; les nerfs lâchent et à force d’essayer de se retenir, quand nos regards se croisent, on explose de rire. C’est trop beau : un Chinois sur le capot, deux autres derrière le véhicule, les pieds dans l’eau gelée jouent les Mac Gyver ; et les deux officiers, les mains dans les poches, contrôlent toute la scène.

 

Nos esprits retrouvés, à 22 heures 30 encore dans la Jeep, Abdul nous informe qu’il n’y a certainement plus de places à l’hôtel. “Mais, il se fout de nous lui !!!”. Pour le coup, nos gestes et le ton de notre voix, seront des langages assez évidents… On nous trouve une place dans la chambre du personnel, au chaud, mais bien “pourrave”.

 

Le lendemain nous tentons tant bien que mal de négocier avec le traducteur, la police et l’agence de trek à Kashgar, un permis pour faire le tour du Muztag Ata. Impossible, deux touristes, ce n’est pas assez rentable ! Décidement, le tourisme chinois, c’est où ils veulent, quand ils veulent et avec qui veulent !!! A force de persévérance et sans autre solution, Adyl, le manager de Zonghkul Travel, nous vend un permis de 3 jours pour aller jusqu’au camp de base.

 

 

Publié dans Carnet de voyage

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