INDE, de Amritsar à Darcha (du 11/06/2008 au 17/06/2008)

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L’inaccessible Darcha !!!

Quitter Amritsar pour rejoindre les montagnes via Darcha nous met du baume au coeur. Nous avons plus que hâte de quitter la foule, le bruit et surtout la chaleur moite qui règne ici. Notre objectif est de rejoindre Darcha par la route pour effectuer la grande traversée du Zanskar, en Inde du Nord. Ce que nous allons y découvrir n’est pas vraiment l’Inde, la culture des habitants se rapprochant plus de celle du Tibet avec un religion Boudhiste très présente. Plus que tout, c’est l’envie de reprendre la marche, de traverser les villages et de rencontrer les populations locales qui nous motive.


Un premier bus nous emmène à Chamba, au nord de Pokhara, puis un second pour rallier Bharmour, village perché dans les montagnes au fond de la vallée. Au total, c’est quelques dizaines d’heures de bus que nous faisons dans une position plus qu’inconfortable ; les uns sur les autres, sans clim et sur fond de musique indienne stridente qui tourne en boucle. Mais le plus stressant reste la conduite sportive dans ce bus de 40 personnes sur une petite piste de montagne qui laisse penser que nous allons “y passer” à chaque instant. Mieux vaut ne pas passer la tête dehors au risque de se faire décapiter ! Histoire de continuer à nous rassurer, aux informations à Chamba, on annonce un bus dans le ravin et un des passagers nous dit “very dangerous road, lot of accidents”… De quoi faire flipper à chaque virage et croisement délicat.




A Bharmour, une agence de voyage nous conseille vivement de prendre un guide pour le trek qui relie Darcha dans l’autre vallée, car le col à 5000 mètres semble délicat. Un jeune homme nous propose ses services de guide pour pas cher et nous l’embauchons. Il semble ravi de nous accompagner et nous nous enfonçons dans la vallée, en bus toujours, pour rejoindre Archa terminus de la route. La mousson est un peu en avance sur la saison et les pluies torrentielles sont dévastatrices pour les pistes qui s’effondrent sous la boue et les pierres tous les 2 ou 3 kilomètres. Nous faisons donc les derniers kilomètres jusque Archa à pied.

Le temps de trouver un hébergement et notre nouveau compagnon nous annonce qu’il vaudrait mieux trouver un guide supplémentaire. En creusant un peu, nous nous apercevons qu’il ne connaît pas du tout la route…
- Nous, ”Do you know the track ?”…
- Lui, petit hochement de tête de droite à gauche qui semble signifier Oui, peut-être ; non, je ne sais pas

- Nous, le ton un peu plus fort : “Do you know it, yes or no ???”.
Re-petit hochement de tête familier…

Il est vrai que ça pourrait être sympa 2 guides, dont un pour faire joli… mais évidemment, nous le congédions gentiment. Nous lui expliquons que nous pensons trouver un autre guide au prochain hameau du départ du treck le lendemain. A priori, il nous aime bien et il reste là devant nous, sans dire un mot pendant que nous vacons à nos occupations. Un peu béat, il a l’air content. Il nous faut un moment pour lui faire comprendre qu’il est temps pour lui de nous quitter… Il part enfin, puis il revient mais avec 2 copains et un autre guide ! Incroyable ! Il n’a rien compris ! Nous nous énervons un peu et le petit groupe finit par nous laisser après presque une heure de discussions sans fin…


La rando pour se rendre à Kugti est fantastique, c’est très vert, il y a des torrents et des cascades partout, des cultures en terrasses et des habitations qui semblent s’accrocher aux montagnes comme par magie. La randonnée est un véritable plaisir, reprendre la marche et se décrasser un peu depuis la dizaine de jours que nous ne cotoyons que les villes et les bus nous fait un bien fou.


 

A kugti, il règne une atmosphère douce et décontractée, presque festive. Les enfants courent dans les ruelles en sortant de l’école, un homme file la laine, un autre rentre ses bêtes tandis que sa femme trait le yack pour lui préparer un thé au lait salé. C’est pour le moins un village authentique et plein de charme. Nous nous sentons bien ici et aimerions pouvoir y passer quelques jours mais nous avons un objectif en tête : rejoindre Darcha pour la grande traversée du Zanskar.




Nous trouvons bien un guide sur place comme nous l’avions pensé. Il nous annonce 4 à 5 jours de marche difficile pour Darcha. Nous sommes ravies mais nous aurions dû nous méfier… A 9 heures du soir il nous annonce qu’il n’ira pas au bout du trek car … il ne connait pas la route ! Nous sommes dépitées à l’idée de s’être fait avoir encore une fois ! Là nous devenons franchement désagréables et lui imposons de nous trouver un autre guide. Une demi-heure plus tard, un autre homme arrive. La discussion prend des tournures drôlesques dans un anglais plus qu’approximatif. En entendant encore les mots comme “lot of snow, glacier, crampons, dangerous, long et hard” … nous décidons de rebrousser chemin et de prendre un bus, dont nous découvrons seulement l’existence, qui rallie notre objectif en 2 jours.

Cette marche arrière ne nous rejouit pas du tout, mais nous semble être une option plus sûre vu les circonstances. Nous voici donc reparties dans le bus en direction de Chamba, que nous avons quitté 3 jours auparavant.

Entre Bharmour et Chamba, le bus vire comme sur des rails… Notre chauffeur se prend pour l’homme qui valait 3 milliards ! Nous sommes sur une piste étroite, le précipice est juste 100 mètres sous nos pieds et nous avançons à vive allure !!! Un bus nous double… Le chauffeur voit rouge ! Il se sent blessé dans son amour-propre… Enfin, on pourrait dire un homme au volant… Mais là, nous ne plaisantons plus ! Cela se transforme en course poursuite dans les montagnes, les fumées denses des échappements devant nous ne lui font pas peur, il a l’air à cran ! Le 1 er bus s’arrête enfin et notre homme descend, en colère, prêt à frapper !!! Nous arrivons donc avec presque 2 heures d’avance sur l’horaire annoncé mais nous avons perdu plus d’énergie dans cette bataille, qui n’était pas la nôtre, que dans une marche de 10 heures.


Arrivées saines et sauves à Chamba nous apprenons que le bus dont on nous a parlé n’existe pas… Nous avons vraiment l’impression que tout s’oppose à ce que nous allions à Darcha ! Rester calme, ne pas s’énerver ! Boire une bière, tiens ! Petite terrasse, étoiles et éclairs, savourer le moment, ne plus penser à ce p..... de bus !

La dernière solution, que nous mettons presque 4 heures à mettre au point, c’est 28 heures de bus en passant par Dahramsala et Manali, plus au sud.

28 heures de bus ! C’est long, très long, surtout dans ces conditions ; les uns sur les autres, sans clim et avec seulement quelques pauses épisodiques ; des femmes et des enfants qui vomissent par la fenêtre derrière nous, un alcoolique à droite qui colle Barbara, un sac que l’on dépose sur nos genoux pour faire de la place dans l’allée et pas de musique cette fois C’est local ! Arrivées à Manali à 5 heures du matin, juste le temps pour une omelette-party dans la rue avant de remonter dans un autre bus en direction de Keylong. On se rapproche de l’objectif ! On y est presque !

Sur la route de Keylong, des boutiques étranges par centaines… Location de vieilles combinaisons de ski à la Josianne Balasko et de pelures moyenâgeuses. On se demande où on nous emmène… Le bus stoppe pendant 3 heures et traverse la montagne et re-stop de 3 heures. Avec ce gros bus, il faut un pilotage précis pour monter vers le col sur une piste pleine de boue avec des pentes à plus de 30 degrés parfois… C’est pas gagné !!! En une journée, nous sommes passées des grosses chaleurs à la station de ski rétro. Amusant, les Indiens dans la neige. Un peu dangereux même. A en croire le style sportif de ces hommes sur les planches, on s’attend à tout moment à voir un skieur passer à travers le pare-brise du bus.




Puis, enfin Keylong, avec plus de six heures de retard !!! Pause méritée à une petite adresse douce après ces longues heures de bus, avec d’excellents momos et un non moins goûteux chowmen. Cet en-cas et l’idée que nous nous rapprochons serieusement de notre objectif nous remet d’aplomb.

En quelques petites heures de bus, Darcha est à nous… Il fallait plus qu’y croire, mais voici enfin le petit hameau que nous convoitons depuis plus d’une semaine. La rando peut commencer !!!

Publié dans Carnet de voyage

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