NEPAL Far West, de Mahendranagar à Sanphebagar (du 11/09 au 26/09/08)

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«  1km a pied ça use… »

 

 

 

Dernier bus pour arriver à Mahendranagar, où nous commencerons la marche sans autre moyen de transport que nos petits pieds… Au matin sac, pacquets, petit déjeuner dans le ventre, on met les chaussures... « Merde, où sont mes chaussures » ? Maud a une voix inquiète, c’est le genre de truc que l’on ne peut pas perdre !!! « Je crois que je les ai oubliées dans le bus ! » Vite on court à la station en se disant qu’avec la circulation des bus et l’organisation locale ce serait exceptionnel de tomber sur le bon !

 

 

Après des explications sommaires, on fouille les bus et miracle, elles avaient été soigneusement rangées par le chauffeur qui est un héros devant les yeux brillants et le grand sourire de Maud… C’est sûr que le Népal en sandales, c’est moins drôle ! Ca y est, nous partons. Premier kilomètre sur la route, le bitume, la chaleur et le poids du sac que l’on avait oubliés... C’est peu agréable et les gens adorables nous conseillent à tour de rôle de prendre un bus.. « Errg non on fait tout à pied »... « Un peu folles ces touristes !!! »

 

Après quelques kilomètres nous continuons sur une piste, le sable s’ajoute à la sueur, heureusement les maisons nous accordent facilement un pichet d’eau locale... « Elles sont vraiment folles ; elles boivent de notre eau ! »

 

 

Nous découvrons l’accueil Népalais, plus doux que l’Indien, les petites maisons en paille rappellent les villages Gaulois, dignes des aventures d’Astérix !

Les gens sont curieux, ils voient peu de touristes, d’autant plus deux femmes seules !

Pour nous aussi c’est une découverte, les premiers mots, les premiers mets, et la nature si particulière du Teraï. C’est la jungle tropicale et les moustiques sont les rois, en tous cas ils ont clairement annoncé la couleur : tirs en rafales ! Le palu ? On n’y pense pas et Barbara est leur cible favorite, avec 30 piqûres de l’épaule jusqu’au coude, on se demande si les punaises ne s’y sont pas mises aussi, en tout cas CA GRATTE ! Après quelques heures de plus dans la jungle, nous arrivons à Betcott, accueillies par le « sage » du coin, sari orange et grands gestes expressifs, on ne comprend rien sauf que l’on peut dormir et manger, ça nous va !

 

 

 

En attendant, assises sur un banc nous admirons, sous une petite pluie fine,  le coucher de soleil sur le lac... C’est beau et calme, jusqu’à ce que les moustiques s’en mêlent !

 

 

La nuit, on se croirait dans un monde enchanté : les moustiques ont cédé la place à des lucioles et ce sont des dizaines de points lumineux qui flottent doucement autour de nous…

C’est un peu moins sympa dans la pièce qui fait office de chambre : encore une monstrueuse araignée qui apparaît sur le mur. Aucune de nous ne veut la tuer, ce n’est pas l’envie qui nous manque mais le courage, ces bêtes là on a toujours l’impression qu’elle sont prêtes à vous bondir dessus ! On se couche en essayant de ne pas y penser, et de toute façon il y en a sûrement plus d’une.

 

Départ le matin, « à la fraîche », nous nous enfonçons encore plus dans la jungle, ça monte, ça descend et ça remonte… On étouffe, c’est insupportable et nous devons faire des pauses toutes les heures ! Les gens sont adorables, on nous offre à boire, du miel, des bananes, attention : des bananes géantes ; elles se coupent à la machette et vu le poids et la taille on préfère les manger de suite que les porter.

 

Nous passons les bananiers, les araignées, les buffles et les gens étonnés de nous trouver là. Puis, devant nous, une rivière et un petit coin de paradis… Deux petits bassins naturels avec un petite cascade d’eau claire et transparente … Un appel à la baignade, allez hop à l’eau, c’est l’extase, surtout pour Maud qui en rêvait depuis des mois !

  

En fin d’après-midi nous arrivons au village de Gaybade, c’est calme et reposant, un jeune homme nous accoste, avec nos peu de mots népalais il impose vite son anglais… Il nous invite gracieusement à rester dans sa famille, nous sommes aux petits soins dans sa maison en terre cuite, couleur sable, lit en paillasse, feu au bois ; à peine assises, les enfants s’agglutinent autour de nous pour voir les deux blanches dans ce coin isolé. L’architecture, les femmes, leurs habits, leurs bijoux et leurs multiples anneaux aux oreilles, au nez, tout cela est si nouveau pour nous aussi.

 

 

 

 

Pas de route, pas de gaz, pas d’électricité, et des rizières à perte de vue. L’école ? Oui, à une heure de marche ! Quand nous partons le lendemain en direction d’Alital, une cinquantaine d’enfants nous suivent, nous doublent, rigolent et nous montrent la route… Ensemble pendant plus d’une heure jusqu’a l’école de Drogba, nous suivons ensuite les indications des locaux : « Alital koti ghanta ? » (Alital combien de temps ?), car les distances se calculent en temps… « 5 ghanta » (5 heures). Après deux heures de marche, « Alital koti ghanta ? », « 8 ghanta », « ??? !!! : merde alors, plus on avance, plus c’est loin ! ».

C’est le genre de phrase qui vous coupe les jambes, sachant qu’en plus pour eux lentement c’est déjà bien assez rapide pour nous…

 

Enfin au bout de quatre jours de sueur et de jungle infectée d’araignées gargantuesques, « pouf » la route que l’on n’attendait plus. Voilà Boudar, ses bus, ses petits restaurants, sa jolie Guest House et deux cocas bien frais pour ces deux dames.

 

Pour la suite du parcours, pas d’autres solutions que les 100 km de bitume jusqu'à Dipayal. Les chauffeurs de bus nous interpellent bien entendu, mais nous sommes têtues, à pied on vous a dit, « paydal » !!!

 

Sur la route, toujours les mêmes regards surpris, des sourires aussi. Certaines personnes sont moins agréables que d’autres, un poil agressives dans leurs intonations, mais il n’y a pas vraiment d’intention, c’est surtout leur manière de parler… Seulement quelques uns nous tapent vraiment sur le système et cela nous agace à la longue et un village sur deux est accueillant ; une fois on se moque de nous, une fois on nous invite.

 

 

Les premiers « where are you going » incessants font leur apparition… Vous ne connaissez pas ? Allez faire un tour en Inde ou au Népal, après quelques jours vous comprendrez ! Tout cela, accumulé sur la route qui n’en finit pas c’est un peu lassant . Et quand on nous indique le moindre raccourci dans la « jungle » on s’y jette : c’est raide, ça glisse et ça casse les genoux mais on sort de la routine !

 

 

Nous nous arrêtons chez une vieille dame qui ne cesse de nous appeler « babou » - un pseudo pour Barbara - qui lui rappelle plein de souvenirs ; c’est en fait le nom commun que l’on donne aux plus jeunes. On ne se comprend pas du tout mais l’échange est long et chaleureux. Nous avons fait un peu le forcing pour rester car la pluie se renforçait et nous savions qu’il n’y avait pas d’hôtel avant un moment… Seulement, lorsqu’elle nous ouvre la « chambre » … horreur ! Des cafards gros comme le pouce et une araignée dont les yeux brillent sous nos frontales nous guettent patiemment ; cela fait sûrement des mois que cette pièce n’avait pas été ouverte ! Tans pis pour la flotte on monte la tente à côté de la gouttière, la nuit sera moite mais sans bébêtes !

 

Le lendemain c’est « Sing’in in the rain » : marche sous la mousson. Au début nous prenons cela à la rigolade, mais après des heures sous la pluie, lorsque l’eau coule dans les manches de la Gore-Tex et que des poches d’eau se forment au fond du sac, nous sommes contentes d’arriver à Gogat et d'y trouver son fameux hôtel, le dénommé « Royal Touch » !!! Le nom nous fait espérer un somptueux massage, que nenni!  Pour la touche royale on reviendra !

 

 

Au matin, la pluie a cessé et nous décidons de tracer jusqu'à Dipayal pour profiter un peu de la ville… Longue journée donc, mais après s’être posée dans un hôtel agréable nous faisons un peu de shopping pour se ressourcer.

A quelques kilomètres, Silghadi, où selon les locaux il y aurait le Net… Une dizaine de kilomètres seulement, oui mais que de la côte, ça on ne l’avait pas prévu !!! Purée que c’était long et interminable, car en plus une fois arrivées à Silghadi en plein cagnard, les jambes en feu, on tourne en rond pour trouver une Guest House et le Net… On remarque par contre qu’il y a beaucoup d’associations locales, comme partout au Népal. On ne trouve pas d'accès Internet, mais on rencontre un volontaire qui nous en dit un peu plus sur les conditions de vie des femmes… Au-delà des traditions qui poussent souvent au mariage forcé dès la fin de l’adolescence et limite l’accès à l’école, elles souffrent également de l’alcoolisme qui fait des ravage. Souvent battues, elles n’ont aucun moyen pour se défendre et s’en sortir. C’est pourquoi les ONG aujourd’hui tâchent de faire prendre conscience, dans le tissu social, du poids des traditions, surtout au sein des villages.

 

Apres cet échange enrichissant, nous suivons ses instructions pour trouver un hôtel… C’est en empruntant les petites ruelles que nous découvrons le charme de Silghadi. Rue piétonnière, petits magasins, murs colorés et des femmes aux oreilles ornées de dizaines d’anneaux qui se reposent sous les terrasses et rigolent devant notre stupéfaction : « Allez Maud tu peux nous dire que c’est ton prochain fashion style ! ». Après quelques recherches, ce sera finalement au Rimriz que nous poserons les sacs.

 

 

Dernière partie de route jusqu'à Sanphebagar, route qui descend et qui remonte, c’est -600 mètres, puis +600 mètres tous les jours. Le soleil nous étouffe toujours et heureusement les raccourcis ne manquent pas. Devant nous : 3 kilomètres de sentier qui descend à travers les rizières, les villages et devant leurs écoles où les enfants tous en coeur disent « Namaste ». Ca change et c’est aussi plus rapide pour arriver à Sassegat, village au bord de l’eau où nous restons pour le repas de midi. On s’imagine repartir puis, on nous annonce la suite …15 km de route en lacets et 1200 mètres de dénivelée… « Bon ! On va rester hein ? On va trouver un coin sympa pour planter la tente au bord de l’eau et se laver.». Chose dite chose faite.

Le soir nous retournons dans le village pour nous restaurer, et là, quelle surprise, nous avons droit à un festival : le « Belugui show »… Belugui est une femme hors norme, elle en impose et ça se voit à sa manière de parler à son entourage ; elle rigole fort et fait rire tout le monde ! Elle nous parle népalais, bien sûr on ne comprend rien, et elle le sait et ça l’amuse… On rentre dans son jeu et c’est la franche rigolade, un rire qui ne s’oublie pas ! Pour couronner le tout elle pousse la chansonnette et danse pour nous, on sympathise vite et le traditionnel dhal bhat tarkari (riz, soupe de lentille et légumes) nous sera offert pour l’occasion, par cette famille originale.

 

Au matin deux options : les 15 km de route ou les 6 km de sentier « tout droit dans la jungle » ! Tant qu’à se faire mal et monter, autant le faire d’un trait n’est ce pas ?

C’est parti pour l’aventure, c’est sûr que ça monte, même très raide mais si c’est toujours impressionnant au début on se rend compte que ça se fait bien, et c’est toujours un grand contentement lorsque l’on regarde en arrière. Nous perdons la trace quelquefois, puis Maud perd Barbara, Barbara retrouve Maud... Tout va bien, il faut juste faire attention une fois sortie, Maud n’attire pas les moustiques mais elle se retrouve avec une sangsue sous la montre, comme quoi chacune a son animal fétiche.

 

Encore deux kilomètres de route jusqu'à Marku, où nous voyons les femmes battre le blé et travailler aux champs pendant que les hommes gèrent les magasins en sirotant le thé.

 

 

Pas d’hôtel ici, mais nous sommes accueillies par Goma, l’assistante du docteur local. Après discussion nous pourrons rester chez elle, un peu distante au début elle se rapproche vite de nous et se confie même très rapidement. Evidemment quand nous apprenons que ses enfants et son mari sont à 60 km de là, la solitude doit forcément lui peser.

 

Elle nous prépare un succulent repas et ensuite, ensemble dans la chambre elle nous parle d’elle… Nous comprenons dans sa voix qu’elle aimerait être une femme plus libre et que sa vie elle ne l’a pas choisit : mariage forcé, elle n’aime pas son mari, mais ses enfants c’est toute sa vie. La France est un pays merveilleux à ses yeux et notre situation est un rêve !

Nous savons bien que nous avons de la chance et ce moment d’émotion nous touche, elle avait besoin de se confier et même si on ne parle pas la même langue, ça on le comprend !

 Après s’être dit au revoir au matin, nous repartons pour les dernières heures de marche vers Sanfebagar où, une fois encore, le sentier qui recoupe 5 fois la route nous permet d’arriver de bonne heure et de se reposer avant de continuer - enfin - sur de vrais chemins de randonnée.

Publié dans Carnet de voyage

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C
salut et bravo pour votre superbe voyage<br /> je pars seule dans 3 semaines pour Delhi, puis depart tout de suite aprés pour Mahendranagar.<br /> avez vous garder un bon souvenir de votre passe dans cette ville?<br /> je cherchais des infos sur cette ville mais je n'en trouve nul part....je sens que je ne vais pas voir trop de touriste!!!<br /> si vous avez des infos.. merci<br /> et encore bravo
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F
Bonjour.<br /> C'est un veritable plaisir de te lire tout en regardant tes photos dans les Terres lointaines.<br /> J'adore moi aussi les voyages et dans mes blos si tu viens tu en veras mais ce que je fais aussi comme passion c'est des bannières et photomontages.<br /> Je vais revenir continuer mon voyages dans ton blog.<br /> Merci et au plaisir de te lire
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M
Génial les filles, tombés par hazard sur votre site, bref on adore....Le Népal aussi où nous avons passé quelques temps en février et mars cette année....Merci encore pour tous vos récits.. super interessants ... pour nous qui sommes des amoureux de l'Inde et du Népal ... Nous pensons aller au Laddak l'année prochaine .... Tout plein de bonnes choses pour vous deux .... Magaly et Yannick
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