NEPAL Far West, de Sanphebagar à Jumla (du 26/09 au 07/10/08)

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« Deux japonaises dans le Far West Népalais »

 


Sanphebagar, la fin de la route ! A partir d’ici, tout le nord ouest népalais se fait à pied pour les trekers – à vrai dire, nous sommes les deux seules touristes du coin mais aussi pour les locaux qui se rendent à l’école, au travail ou dans la famille.


 

Les Népalais font, sans se poser de questions, plusieurs journées de marche pour des vacances, l’anniversaire d’un proche ou une réunion de travail. Cela fait partie de leur quotidien. Vous imaginez devoir vous rendre à Lyon à pied pour la prochaine réunion de travail ???


 


Bien qu'empruntant les mêmes sentiers, nos approches sont totalement différentes. Nous sommes ici pour profiter alors qu’eux se rendent quelque part. Nous marchons plaisir, au rythme lent de la découverte, tandis qu’ils marchent utile avec l’unique objectif d’arriver. La plupart d’entre-eux démarrent à l’aube pour terminer à la lumière de leur lampe torche en s’octroyant seulement quelques minutes de pause pour un dhal bat sur le pouce.

 


Les femmes sont impeccables, elles ont revêtu leur jolies tenues pour rejoindre la famille à l’occasion du festival de Daushein, un des plus populaires au Népal. Comment font-elles pour rester nickel sous cette chaleur et dans cette poussière alors que nous arrivons complètement déconfites à chaque étape. Une énigme dont elles ne nous donnent pas le secret…


 

C’est impressionnant la vie qu’il y a ici hors des routes. Les sentiers sont très fréquentés et desservent de nombreux villages du bout du monde. Tout sur le chemin est prévu pour le confort des marcheurs. On y trouve de multiples tea shop qui proposent le thé au lait et le fameux "dhal bat" (riz et soupe de lentilles ou de gros haricots). C’est LE PLAT népalais par excellence ! Il constitue le repas du matin, du midi et aussi du soir. Impossible de savoir comment ils font pour ne pas se lasser de manger toujours la même chose, nous essayons de varier un peu la nourriture mais nous n’en pouvons plus du "dhal bat".

Les « hôtels » sont nombreux également. Il s’agit en réalité de vieilles granges sans fenêtres, juste une double porte en bois que l’on referme comme un placard avec à peine la place pour une grande table en bois : le sommier du lit. On y dispose le matelas : une grosse couverte auréolée et puante dans laquelle les punaises ont trouvé refuge pour le plus grand bonheur de Barbara. Avant de se mettre au lit il faut faire la chasse aux araignées et aux cafards, quand ce ne sont pas les rats qui ont envahi les lieux, séduits par cette ambiance moite et humide.



Nos journées se succèdent et se ressemblent. Presque la routine ? Le réveil sonne, enfiler le pantalon et le tee shirt (quand il n'est pas déjà sur le dos), petit-déjeuner : chapati et thé au lait, se passer la tête sous l’eau, plier le sac et marcher, marcher, marcher ! Marcher sous une chaleur humide presque insoutenable, en voyant défiler des paysages trop souvent identiques, les mêmes villages et les mêmes tea-shop partout…

Et puis arriver ! Trouver un endroit où manger et où dormir, faire le spectacle pour tout le village qui est venu voir en chair et en os leurs premiers touristes, « You are American ? », No, « Japanese ? », bizarre... Avoir toujours une quinzaine d'enfants venus inspecter vos moindres mouvements par simple curiosité (jusque la toilette ou le pipi nature), répondre 100 fois à la même question devenue oppressante « wherrrrrrrre arrrrrrrrrrre you going », « what is yourrrrrrrrr main aim ?»… Un peu amusées par ces rituels réguliers, nous perdons quelques fois patience. Le besoin des Népalais de nous aider et de faire en sorte que nous soyons bien accueillies, part d’un excellent sentiment, mais dans leur façon de les communiquer, les messages nous arrivent souvent comme quelque chose de très agressif, presque une atteinte à la liberté. « You have to seat here », « You can not go there », …     


 

Nous avons hâte de joindre Martadi, un petit village dans les hauteurs ; cela nous permettra de retrouver un peu de fraîcheur et de changer d’environnement. Nous ne savons pas si nous mettrons 2, 3 ou 5 jours pour nous y rendre. Réaliser notre itinéraire dans le Far West Népalais est une réelle difficulté pour nous.


 

L’arrivée à Martadi est un régal. Après avoir longé la rivière de Budhiganga Khola depuis plusieurs jours, nous la traversons sur des troncs d’arbre car le pont suspendu s’est écroulé avec les grosses pluies de la mousson, puis une dernière bonne montée nous mène dans une nouvelle vallée, avec le petit village authentique perché sur les hauteurs. Les maisons sont en pierre avec des toîts en ardoise et de petits balcons en bois sculpté. On se croirait dans le queyras ! Les hommes et les femmes s’affairent aux champs pour ramasser les blés, l’orge et retourner la terre. C’est un endroit fabuleux qui nous change de notre quotidien, nous y trouvons enfin un peu de fraîcheur et tout cela nous ravive le moral.

 

Sur la montée au col de Kolti, notre itinéraire est passé de 2 km à 4 km, puis 55 km, les enchères sont même montées jusque 1000 km puis 100 mètres plus loin, une autre information nous donnait à nouveau du 2 km…

Le passage du col (à peine 2000 mètres, mais notre premier col népalais… il faut bien commencer quelque part !) nous annonce le changement ! Nous y retrouvons les drapeaux tibétains, les premiers moulins à prières, quelques tenues tibétaines, des colliers de turquoises et de corail, même les visages sont plus ronds… A priori, nous sommes sur le bon chemin ! Cela nous fait plaisir de retrouver un peu de cette civilisation que nous avions laissée au Ladakh et au Zanskar et que nous sommes venues chercher ici.


 

A Ortresso, un peu après Kolti, nous posons la tente pour le bivouac du soir sur le bord de la rivière. Une mauvaise journée : Barbara s’est fait « bouffer » par les insectes (probablement des punaises logées dans une couverture chez l’habitant) et la réaction sur sa peau est plutôt impressionnante. Sans compter le vol de notre argent commun que nous avions laissé sur le banc, un peu trop confiantes. La course poursuite de Barbara sur le sentier pour retrouver le coupable n’aura rien donné… Au final, ce ne sont que 20 euros qui sont partis, mais ici on vit pendant un mois avec cet argent.

 

La suite de la marche jusque la réserve naturelle de Rara lake est magnifique. Nous traversons des flancs de montagne un peu exposés au-dessus des rivières, de belles forêts qui nous laissent apercevoir les premières couleurs de l’automne, puis en longeant la rivière, nous arrivons progressivement vers le magnifique lac de la réserve de Rara. Un bijoux entouré de hautes montagnes et de forêts verdoyantes. Nous y faisons une cueillette de girolles miraculeuse… Ce soir, c’est fiesta, on se fait péter l’omelette spéciale au menu !   


 

 

 

 

 

 

La fatigue commence serieusement a se faire sentir car nous marchons depuis presque un mois sans pause. Nous attendons donc avec impatience d’arriver a Jumla pour faire un stop de quelques jours et profiter de la ville. De Rara lake, nous prevoyons 4 jours de marche. Sur la montee du col de Ghurchi La, Maud s’effondre ! « J’en peux plus », dit elle a Barbara en larmes... « J’arriverai jamais au col aujourd’hui, j’y arrive pas et j’ai pas l’envie »... Il est 11h30 mais nous decidons de nous arreter la, dans ce dernier petit village avant les hauteurs. Nous sommes toutes les deux epuisee physiquement et le moral commece a en prendre un sacre coup ! La pause s’impose histoire de se faire un bon dhal bat et une grosse sieste reparatrice. C’etait ce qu’il nous fallait, car nous n’avons fait qu’une bouchee de ce col a 3500m qui nous faisait si peur. Nous traversons les hauts alpages et de magnifiques forets pour arriver au dernier col, le Khari La, sous une pluie incessante et dans le brouillard. Les lieux ont des allures de l’ecosse profonde, probablement l’ambiance humide... Nous sommes degoulinantes mais la dame des lieux nous reserve un acceuil fabuleux au coin du feu. Nous sommes chouchoutees dans cet endroit hors du temps.


 

 

 

 

 

Finalement, nous entamons la grande descente en direction de Jumla que nous apercevons presque immediatement après le passage du col. Nous sommes heureuses à l'idée d'arriver en ville, de pouvoir prendre des nouvelles de la famille et des amis et de se faire un bon repas, autre chose que le dhal bat...

Publié dans Carnet de voyage

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