NEPAL (Dolpo), de Jumla à Dolphu (du 12/10 au 19/10/08)

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« Le Dopo oublié »

 

Au départ de Jumla, nous rencontrons deux touristes. Un moment important car ce sont les premiers touristes depuis notre arrivée au Népal il y a plus d’un mois. Michele, une Américaine qui vit en Inde depuis 5 ans et qui est une habituée des longs trek en Himalaya. Au cours de la discussion nous découvrons qu’il s’agit de la jeune femme qui arrivait à Linghsed (Zanskar) juste après notre départ pour donner des cours aux nonnes (voir l’article http://parlerdelles.over-blog.com/article-21640681.html ). Nous avons bien failli nous croiser plusieurs mois auparavant. Elle a pour projet de créer un site Internet pour faire parler de nos petites nonnes, elle aussi elle fait « parler d’elles », c’est étrange ces coïncidences !

Le deuxième touriste, c’est Dominique. Il n’est pas vraiment touriste ici car il a vécu dans les environs de Jumla pendant plusieurs années pour son travail et a « adopté » 3 jeunes Népalais qu’il suit régulièrement dans leur évolution.; la principale raison de son séjour par ici aujourd’hui.

 

C’est donc avec pas mal de retard que nous partons retrouver les sentiers de montagne, il faut croire que nous avions besoin de parler ;-)))

 

 

 

Le Dolpo est une région du nord-ouest du Népal, située dans la haute chaîne de l'Himalaya. Sa population est d'origine tibétaine, et la frontière entre le Dolpo et le Tibet traversait son territoire actuel jusqu'au 18 ème siècle. Il s'agit de la dernière région au monde où subsiste une authentique culture tibétaine et qui peut se développer librement.

Le Dolpo est un "bé-yül" en tibétain, ce qui signifie le pays caché. Ses hautes vallées sont très difficiles d'accès et très isolées, il faut plusieurs jours de marche pour s'y rendre, que l'on vienne du Népal ou du Tibet.

Les Dolpo-pa sont agriculteurs ou éleveurs et vivent des échanges ancestraux avec le Tibet voisin : ils vont y chercher le sel tiré des lacs d'altitude et fournissent en retour le grain issu de leurs propres cultures au moyen des caravanes de yacks ou de chevaux.

 

 

 

Départ de la marche le long de la Chaudhabise Khola, une superbe rivière aux reflets émeraude sous un soleil magnifique. Après une semaine de stop, nous avons eu énormement de difficultés à remettre nos chaussures ce matin, mais nous sommes en jambes ! Aux alentours de Jumla, les villages sont nombreux et les locaux qui empruntent le sentier également ; ils reprennent la route pour regagner leurs maisons après avoir fêté « dashain » en famille. Trois hommes et un cheval passent, ils vont dans la même direction que nous et nous proposent de faire porter nos gros sacs trop lourds. Nous sautons sur l’occasion pour soulager nos dos, même si ce n’est que pour deux heures de marche. Au bout de 30 minutes, le cheval s’excite, il fait un bond en avant et part seul au galop... Aussitôt, nos affaires font blang à droite, blung à gauche, la tente valse... Dix minutes plus tard nous retrouvons la bête qui s’est calmée et partons à la pêche de nos affaires éparpillées...

 

 

 

A Lamri, l’ambiance change déjà, le village a des allures tibétaines. Les maisons sont en terre avec plusieurs étages et d’acrobatiques escaliers en bois taillés dans des troncs d’arbres qui donnent à l’ensemble une allure si authentique. Toutes les maisons s’enchevêtrent les unes aux autres et sont desservies par des  ruelles comme dans un labyrinthe. Nous avons ici un accueil charmant et sommes invitées par une femme à passer la nuit chez elle. La famille vit dans une seule pièce de 20 m² environs. Après le précieux dhal bat partagé avec tous les voisins curieux, nous nous allongeons, chacun de notre côté, près du poêle central pour la nuit : les parents et leurs deux enfants d’un côté et nous de l’autre sur une couverture infestée de punaises posée à même le sol, sur la terre. Nous sommes l’une sur l’autre. Barbara est collée au feu, tandis que Maud embrasse le mur. Il fait chaud... Ca promet une bonne nuit ;-)))

 

 

 

 

 

La journée qui suit est plus isolée, nous quittons les derniers villages et apercevons au loin les montagnes et hauts cols qui nous attendent. L’Himalaya que nous sommes excitées de découvrir !!! Nous trouvons une jolie grange pour le bivouac et faisons un grand feu pour la nuit. Des épis de mais à griller au feu pour l’apéro... Nous devenons organisées !!! Même ici, alors que nous sommes loin de tout, un pseudo guide venu de nulle part, vient nous rendre visite dans notre nouvelle maison... On peut jamais êre tranquille !!!

 

 

 

Nous quittons la rivière et la forêt, pour monter en direction du col, une grosse dénivelée qui nous mène à plus de 4000 mètres d’altitude. Les paysages sont magnifiques. Les lacs d’altitude côtoyent des sommets à plus de 5000 mètres. Maintenant isolées dans la montagne, nous sommes seules et ne pouvons compter que sur nous pour trouver le bon itinéraire. Les informations du terrain et celles de notre carte de rando sont contradictoires ; par exemple, nous trouvons un lac à la place du campement prévu. Tant qu’il y a de l’eau, cela fait bien l’affaire pour un bivouac, mais ça ne nous aide pas beaucoup pour savoir où nous sommes exactement. Nous suivons la route en fonction du terrain, de la boussole, un peu de la carte et beaucoup de nos convictions. Il paraît que les intuitions féminines sont toujours les bonnes ! Non ?

 

En fait, non... pas toujours. Une bifurcation un poil trop à l’est nous mène difficilement à un superbe lac de montagne. En face de ce dernier on distingue un col enneigé, juste à côté du Buraburi qui culmine à 5390 mètres. Barbara regarde le panorama un peu paniquée : «Ca peut pas être notre col ? » ; « Je pense qu’on s’est plantées ». En réalite nous n’avons aucune idée de l’endroit précis où nous nous trouvons, et ne sommes pas sûres du tout qu’il s’agisse du fameux col. Faire demi-tour, aller voir l’autre chemin et peut-être revenir ici… 

 

 

Sur le nouveau sentier la quantité de crottin semble montrer que nous avons fait le bon choix. En montagne le temps se dégrade et nous arrivons à ce qui sera notre bivouac, dans le brouillard, sous la neige et à la tombée de la nuit. A 4000 mètres il fait très froid et nous sommes gelées. Nous nous réconfortons dans un abri taillé dans la roche, devant un feu de camp ; merci aux précédents qui ont pris soin de nous laisser quelques bûchettes...  

 

 

 

Réveil matinal, nous devons passer le col à 4900 mètres aujourd’hui et nous ne savons toujours pas si nous sommes sur la bonne route… Tout est gelé autour de nous et les dernières chutes de neige ont recouvert toute la montagne d’une jolie robe blanche. Le décor est somptueux !

 

 

 


Le col se montre enfin. Surprise ! C’est un petit goulet tout enneigé, juste à côté du Sisne Himal (5545 m). Outre l’altitude qui se fait sentir dans notre progression, la neige est un peu verglacée et la pente est très impressionnante. Au col à 11 heures 30, complètement épuisées, nous découvrons l’autre versant !!! Un immense vallon absolument magique entouré de hautes cîmes. Fabuleux ! Le hic, c’est qu’il faut descendre dans cette pente exposée et engagée, qu’il n’y a aucune trace et que l’itinéraire n’est pas évident…

 



Maud fait les premiers pas dans la neige. « La neige est pourrie, ça craint ! ». Le vallon est ensoleillé depuis ce matin et le moindre pas trop brusque dans cette belle pente nous emmènerait directement tout en bas. La dernière chute au Mentok Kangri aura suffi pour qu'on prenne le maximum de précautions. Maud fait de bonnes marches dans la neige et Barbara suit derrière, sans broncher. Toutes deux concentrées sur chacun de nos pas, nous arrivons en bas de la pente à la vitesse d'une tortue ; c’est une première étape, mais nous ne sommes pas encore sorties de ce « merdier ». La suite, bien que très exposée, se fait plus facilement. La neige tient mieux sous nos chaussures et nous apercevons enfin le sentier en contrebas. Des crampons et une corde n’auraient pas été superflus…

 

 

 

A 15 heures 30 à la rivière, exténuées physiquement et moralement nous nous prenons dans les bras comme revenues d’un grand combat ; nous faisons une bonne équipe ! Pique-nique éclair, pas par manque de temps mais par manque de vivres… Il ne nous reste plus qu’une patate à l’eau chacune avec un peu d’épices et un chapati. L’œuf, nous le  réservons pour le pique-nique du lendemain… Après les galères de la journée, on se dit que nous serions bien ce soir au coin du feu avec un petit dhal bat en famille…

 

 

Du coup, la descente se transforme en trail de compétition ! Nos pieds ne doivent pas lâcher jusqu’au prochain village, indiqué à environ 15 km sur la carte. Eh oui, tout ça pour un dhal bat, c’est dire notre profonde détresse ;-)))) A 18 heures, il faut se rendre à l’évidence que le village n’est pas pour ce soir et qu'il faut monter le camp en urgence avant que la nuit ne tombe... Après s’être partagé le dernier et ridicule paquet de noodles chinoises et un peu de soupe déshydratée, nous nous effondrons dans la tente n’ayant pas réussi à faire démarrer le feu de camp...

 

 

 

 

Il faudra encore une grosse demi-journée de marche pour atteindre le village. Aux yeux des habitants, nous sommes des héroïnes ... ou des folles !!! Deux femmes, seules, sans guides ni porteurs, qui passent ce col enneigé et traversent la « jungle »...

Ce sont les dolpo-pa qui nous accueillent dans leurs maisons dans la plus pure tradition tibétaine. Du thé salé au beurre rance (bota chia) nous est servi dans de petits bols en bois bordés d’argent sculpté ; on y ajoute un peu de tsampa (la farine d’orge grillé) pour en faire une pâte nourrissante. Nous nous retapons donc à grands coups de bota chia – tsampa, que nous apprécions de retrouver ici après le Ladahk !!!

 

 

 

Après avoir repris quelques forces, nous fonçons vers le « very nice hotel » que nous a vendu un habitant du village. Le trajet, qui devait se faire en à peine 1 heure, se transforme en 2 grosses heures de marche, et le « very nice hotel » en vieille grange n’offrant même pas de riz, denrée rare ici et que la dame de maison réserve à ses nombreux enfants. Ce sera donc comme d’hab : un bon dhal bat patates mais avec plus de patates et moins de riz...

 

Vieux chorten, gompa, femmes porteurs habillées en tenue tibétaine traditionnelle, caravane de chevaux transportant les grains en direction de Mugu (frontière chinoise), belle montée à flanc de montagne et en surplomb de la rivière, nous allons à Kimri !!! Toute la montée nous annonce progressivement que nous arrivons dans un village du dolpo, profond et authentique. Les maisons sont ici « rangées » les unes à côté des autres pour former de grandes terrasses communes sur lesquelles les hommes, les femmes et les enfants étalent les grains pour les faire sécher. La vue depuis les « balcons » sur les hautes cimes Himalayennes est tout simplement grandiose. L’accueil est fabuleux. On a juste envie de rester ici et de contempler tout ce spectacle un peu hors du temps...

 

 

 

 

Le village suivant est notre destination intermédiaire : Dolphu ! C’est quoi une destination intermédiaire, me direz-vous ? C’est juste un point que nous nous fixons et quand nous y arrivons, ça fait du bien au moral ;ca peut sembler banal mais c’est Hénorme ;-))) Autant dire que Dolphu, c’est pour demain et que nous sommes contentes d’y arriver !

 

Le chemin pour s’y rendre est plutôt « acrobatique » ; très bien entretenu, mais toujours perché à 300 mètres au-dessus du vide, avec la rivière en contre-bas, à jongler entre des troncs d’arbre ou des marches en pierre. Barbara n’est pas du tout à l’aise sur ce type de terrain et cela, ajouté à la fatigue des derniers jours, nous rend nerveuses. Il est temps que nous arrivions à Dolphu et nous allons même y passer une journée de repos, plus que méritée !!!

 

 

 

Publié dans Carnet de voyage

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