NEPAL (Dolpo), Dolphu (du 19/10 au 22/10/08)
“Au vol, rendez nous nos affaires !!!”
Il y a un grand regroupement à la Gompa ce soir et tout le monde s’y retrouve pour boire du tchang (la bière locale), manger de la tsampa (farine d’orge grillé) et discuter. On nous pose là, au milieu de la manifestation. Nous assistons à un spectacle un peu décalé sans trop comprendre de quoi il s’agit. Les moines sont devant, ensuite les hommes, puis les femmes et les enfants au fond du monastère. Le tchang est servi a grandes bolées, jamais un verre vide s’il vous plaît ! On diffuse un petit film sur le Dalaï Lama, puis un homme se lève et parle… Plus aucun bruit, tout le monde est concentré sur ses paroles, puis une femme se lève et réagit à son tour ; elle n’a pas l’air d’accord et le ton de sa voix montre sa détermination. Et puis, c’est le tour des autres. Il semble qu’on discute du partage des terres, à moins qu’il ne s’agisse de l’élection du chef du village ou encore du jugement du dernier voisin qui a piqué une patate à Nima… En fait, on n'en sait fichtrement rien et c’est très frustant !
Le prof du village semble encore tenir sur ses deux jambes. Il s’occupe de nous et nous propose de dormir dans une des pièces de la Gompa. Un bon coup de balai, une bâche au sol... et hop ! voilà notre chambre qui est prête ;-)))
Une marche nocturne, une montée un peu trop raide et probablement un peu trop de tchang, blang…C’est Maud qui vient de se ramasser… Nous rejoignons notre lit à la Gompa…
A minuit, GRRRRRHIIIIIIIIIII, la porte s’ouvre et on se prend la lumière en pleine tronche, 5 hommes complètement ivres pénètrent dans notre grange… Nous les prions de bien vouloir sortir mais ils ne sont plus capables de comprendre, ils sont là à nous regarder dormir, c’est bien normal !!! Au bout de 15 minutes, nous arrivons à les mettre dehors, et rebelotte, trois fois de suite !!! Il aura fallu qu’une de leurs femmes s’en mêle pour les ramener à la maison…
Comme d’habitude, nous préparons notre itinéraire pour les prochains jours avec les habitants. Nous souhaitons nous rendre à Shey Gompa, mis en lumière notamment par le film d’Eric Valli mais… petit hic, “bato ramro nahi, optero bato”, c’est à dire “chemin pas bon, chemin difficile”… La semaine dernière 3 guides locaux se sont fait héli-treuiller d’urgence et une touriste y serait morte il y à un mois. Ce chemin est pourtant bien tracé sur toutes les cartes pour avoir été emprunté par les chercheurs américains dans les années 1970, mais n’est plus du tout entretenu depuis qu’ils ont arrêté de chercher. Ne nous demandez pas ce qu’ils ont trouvé…
Bref, ce sentier comporte des passages d’escalade exposés au-dessus du vide et ce serait trop risqué avec nos gros sacs. Nous sommes hyper déçues par ce diagnostic qui nous impose le demi-tour !!! Quand on marche depuis si longtemps vers un objectif et qu’on est contraint à la marche arrière, c’est un sentiment hyper frustrant !!!
Difficile de retrouver la motivation après cette mauvaise nouvelle…
A l’issue du repas du soir, le père nous dit un truc bizarre par rapport à nos sacs… “Vos sacs sont seuls…” , “Allez voir vos sacs”… Nous fonçons ni une, ni deux à la Gompa dans notre grange… Les sacs à dos sont grands ouverts et nos affaires sont éparpillées un peu partout dans la pièce… “MERDE, on m’a piqué les batteries”, dit Barbara… “NAN, on a piqué le Spot”, dit Maud… Nous faisons l’inventaire des choses volées :
- le SPOT (appareil satellite qui permet de suivre notre progression, mais surtout d’alerter les secours en cas de problème) ;
- les batteries de rechange de nos appareils photos et caméra ;
- les lunettes de rechange et de soleil de Barbara ;
- la trousse de toilette de Barbara ;
- la trousse de pharmacie ;
- le sac de pique-nique (dire qu’on avait deux oeufs durs et le tchurpe (fromage de yack) - denrée plus que rare ici et qu’on se gardait de côté -, les amandes pour les coups durs, sniff…) ;
- un pantalon et une paire de chaussettes de Maud.
La manière dont les choses ont été triées et la sélection de ce qui a été pris nous étonne… Heureusement pour nous, personne n’a touché à l’argent ni aux papiers. Le plus inquiétant ce sont les batteries de nos appareils, car cela pourrait compromettre le compte-rendu de notre aventure et aussi surtout le SPOT… Si un enfant appuyait sur le 911, cela alerterait directement l’hélicoptère…
Dans la nuit, une personne a pris soin d’emballer le SPOT et les batteries et les a balancés depuis le chemin vers l’entrée de la Gompa. Bizarrement, nous ne récupérons que les choses que nous avions mentionnées comme essentielles.
Au petit matin, bruit d’hélicoptère… nous nous regardons affolées ; “comment va t’on pouvoir justifier aux secours, qu’un enfant a dû s’amuser avec le 911 et que le seul danger que nous courons c'est une overdose de patates…”. En tout cas, le Spot ça marche et c’est plutôt rapide !!!
La machine passe au-dessus de nos têtes et continue son chemin vers Shey Gompa, Oufffffffffffff, c’est pas pour nous !!!
Nous insistons pour récupérer le reste de nos affaires et, pour montrer notre détermination, nous restons une journée de plus. Bingo, même topo, on nous remet un autre sac… Cette deuxieme pêche est moins concluante ; la trousse de pharmacie, le peigne, les Tampax et les coton-tiges…